Réaliser un projet artistique autour du fleuve, permet de questionner sa perception au monde et à l’environnement qui nous entoure. L’art travaille la réalité existante par le surgissement d’un nouveau signifiant. D’une rive à l’autre du fleuve, le Rhône constitue dans toute sa longueur une frontière, une limite de communes, de départements, de régions, voire d’États. Au début du XIXème siècle, il n’existait que 14 ponts entre Genève et la Méditerranée. Fleuve connu pour sa puissance, sa traversée était historiquement périlleuse. Aujourd’hui, franchir le Rhône semble être une formalité. Le courant fort et continu a cédé place à des tronçons presque plats séparés par des barrages et autres usines hydroélectriques, à tel point qu’on parle de Rhône domestiqué, peut être par opposition à la Loire nommée le fleuve sauvage. Rives aménagées par l’homme, rives “sauvages”, les rives sont multiples, mais aussi changeantes en fonction du débit, de l’année, de la neige ou de la pluie. Rien de tel que de se laisser porter par le fleuve pour observer les rives et contempler l’eau, qui transporte à la dérive mille objets arrachés à la berge par l’érosion, mis en mouvement par une crue ou jetées par des riverains. Et puis il y a le flux du vivant, remontant ou dévalant le fleuve.

Comment croiser la connaissance du monde fluvial avec le sensible, l’intime et l’imaginaire? Le projet DÉ/S/RIVES vise à mettre en place des actions conjointes entre artistes, animateurs environnementaux et scientifiques dans le cadre d’un projet participatif, d’ateliers et de classes immersives pour sensibiliser le Grand Public aux problématiques liées à l’eau et à la biodiversité autour du Rhône et des cours d’eau.

Le projet intègre deux résidences de créations des artistes Chloé Colin « Divagation » et Loïc Xavier « S’ils pouvaient parler, il s’écriraient », un projet participatif et des ateliers.

LE PROJET PARTICIPATIF

Blick Photographie récoltera jusqu’en 2025 des images des fleuves Loire et Rhône afin de créer un corpus d’images réalisé par les habitants. Munis d’appareils photo argentiques, ils nous donnent à voir le fleuve autrement. Chaque regard devient singulier et ce corpus d’images constituera une véritable encyclopédie visuelle pour raconter le(s) fleuve(s). Faire le choix de l’argentique n’est pas anodin. Les facilités qu’offre le numérique nous permettent de visionner et d’effacer aussitôt nos images dès lors qu’elles ne satisfont pas nos critères esthétiques. L’utilisation de l’appareil argentique, en privant d’un regard immédiat sur la photo, nous dévoile une vision du territoire plus authentique, laissant les aléas offrir un regard parfois inattendu.

LES ATELIERS

Les ateliers consacrés à la découverte du fleuve Rhône ou Loire proposent un format original qui allie éducation à l’environnement et création artistique. Chaque atelier est traité sous l’angle scientifique et artistique dans une démarche qui laisse volontairement place à la divagation. Les élèves sont invités à créer des passerelles entre réel et imaginaire et tissent au fur et à mesure des liens intimes avec leur territoire. Chaque journée d’atelier est l’occasion de découvrir une ou plusieurs techniques artistiques et de les explorer de diverses manières.