DÉ/S/RIVES
Chloé Colin, Ahmed Boubakeur et Lilas Morin,
Marine Lanier et Loïc Xavier
du 14 septembre au 28 septembre 2023
Vernissage le 14 septembre à 17h
BLICK PHOTOGRAPHIE entame son nouveau projet artistique et de médiation autour du fleuve mêlant photographie, son, vidéo, écriture et performance. Le projet DÉ/S/RIVES questionne les liens interpersonnels qui nous unissent au fleuve à travers le mouvement. Comment croiser la connaissance du monde fluvial avec le sensible, l’intime et l’imaginaire?
Pour les Journées Européennes du Patrimoine, l’Espace Photographique du Grand Colombier présente le premier volet du projet DÉ/S/RIVES réalisé dans le cadre du dispositif de l’été culturel mis en place par la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Auvergne Rhône-Alpes (DRAC AURA). Deux projets pilotes au niveau du Haut-Rhône et le long de la Loire autour de Roanne ont permis d’initier les résidences de création, le projet participatif et les ateliers de sensibilisation DÉ/S/RIVES.
Le projet participatif DÉ/S/RIVES
Le projet participatif DÉ/S/RIVES est un projet artistique et culturel pour sensibiliser le grand public à son rapport au fleuve. Pendant trois ans, les habitants d’une vingtaine de zones choisies sur les territoires rhodaniens et ligériens de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont amenés à créer des textes et des photographies, exprimant ainsi leur rapport sensible aux écosystèmes fluviaux. Munis d’appareils photo argentiques, les habitants et riverains nous donnent à voir le fleuve de manière singulière, permettant la création d’une véritable encyclopédie visuelle, corpus d’images pouvant servir de socles à une mémoire future des fleuves. Pour cette première étape, 1500 photographies ont été récoltées au bord de la Loire dans l’agglomération de Roanne en aval et la commune de Balbigny en amont et le long du Rhône au niveau du SMIRIL (Sud de Lyon) et du Haut-Rhône (entre Villebois et Pougny). Dans cette exposition, les photographies des différents sites sont mélangées et l’afflux d’images se présente dans un mouvement, qui n’est pas sans rappeler celui de l’eau.
S’ILS POUVAIENT PARLER, ILS S’ECRIRAIENT…
Loïc Xavier expose une partie de son travail en cours autour des fleuves Loire et Rhône. Après une première expérience photographique le long du Rhône (du barrage de Genissiat à la Camargue) accompagné par l’association CAP sur le Rhône, le photographe comprend un peu mieux la singularité du fleuve. Depuis toujours, ligérien de naissance et vivant sur Lyon, il côtoie les fleuves, tantôt la Loire, tantôt le Rhône. Il imagine alors un échange photographique et épistolaire entre ces deux fleuves majeurs. Sont-ils frères, amants, ennemis ? Ils se frôlent sans jamais se croiser, l’un a la réputation de fleuve sauvage, l’autre de fleuve domestiqué. L’un va vers la mer dans l’axe Nord-Sud, quand l’autre va vers l’océan dans l’axe Sud-Nord. Tout semble les opposer, mais peut-on parler de fleuve de manière universelle? Ou chaque fleuve a-t-il sa propre personnalité ? Pour rendre vivant ces allers et retours, Loïc Xavier est accompagné de Marine Lanier qui travaillera sur des écrits, renforçant ainsi l’onirisme des prises de vues. Une première résidence photographique et d’écriture s’est déroulée sur le Roannais Agglomération.
DIVAGATION(S) – Partant de la triple définition du terme Divagation(s), dans laquelle l’homme n’occupe que la troisième place, l’artiste photographe et vidéaste Chloé Colin cherche à renverser les codes de l’anthropomorphisme. Les territoires de l’eau, des animaux et des hommes forment des environnements multiples et mouvants aux limites incertaines. A la lisière entre documentaire et fiction, l’artiste s’engouffre dans un entrelacement de ces territoires.
Dans cette première résidence, Chloé Colin a arpenté les abords du Rhône et de ses affluents entre Genève et Villebois dans une réflexion poétique sur le mouvement de l’eau, et des hommes. Elle a partagé sa démarche avec un artiste sonore, Ahmed Boubakeur et une artiste circassienne Lilas Morin. Les trois artistes ont travaillé en relation étroite avec les encadrants et les participants du Service d’accueil de jour, les Floralies, de l’ADAPEI de Valserhône; l’idée étant de faire découvrir à ce groupe les différentes facettes du projet et de les sensibiliser à la démarche artistique. Des visites guidées de sites rhodaniens majeurs, qu’il s’agisse de sites aménagés ou de sites naturels, ont été le point de départ à une expérimentation autour de la photographie, du son et du mouvement de l’eau. La structure sonore en bois flotté, les photographies couleur et la création vidéo sont le résultat de cette interaction collective. Toutes les sorties et les visites menées dans le cadre du projet ont été prétexte à une immersion sensible le long des berges du Rhône.
Invité.es à découvrir des lieux en se connectant à leurs empreintes sonores, visuelles et corporelles les participant.es ont pu vivre des expériences intimes, parfois décalées, ouvrant largement les portes vers un univers poétique et personnel : s’assoir et simplement écouter et/ou regarder; déambuler les yeux fermés ; se pencher sur le murmure de l’eau ; gratter, secouer, frotter les matières, bouger son corps au rythme de l’eau dans un mouvement circulaire. Ce fut l’occasion également de découvrir le matériel de prise de son et de vue : appareils argentiques et numériques, lumières déportées et lumière naturelle, enregistreurs, micros, micro subaquatique… et d’entrer en interaction avec l’environnement pour tenter de capter son impression intime du réel.
La structure sonore exposée ici est le témoin de ces expériences diverses, à la rencontre du fleuve et des matériaux qu’il charrie. Le montage réalisé par Ahmed Boubakeur à partir des sons récoltés pendant les ateliers est une interprétation possible. Chacun pourra aussi faire la sienne.Les photographies posées
Les photographies posées sur la « mangeoire » témoignent des moments passés avec les résidents, des sorties, des créations autour de la lumière et du corps. Elles viennent compléter les photographies prises à l’appareil argentique par les participants et sont posées de manière fragile, telles les différentes matières qui dérivent sur le fleuve.
Dans l’installation vidéo, Chloé Colin met en lien la divagation de l’eau avec le mouvement du corps de Lilas Morin dans un rythme contemplatif et poétique. Les mouvements aquatiques créent des abstractions, qui incitent progressivement le spectateur à lui-même divaguer au son d’une composition réalisée par Ahmed Boubakeur à partir de sons réalisés dans l’eau sur les différents sites.