Ce projet est né d’un hasard, ou d’un signe.
Une histoire de famille racontée par Bénédicte, une rumeur de sorcière, puis la découverte d’un grand bûcher, survenu en 1467 dans le petit village de Rossillon, au cœur du Bugey.
De cette coïncidence est née une envie : enquêter, non pas pour élucider un mystère historique, mais pour comprendre ce que ces récits réveillent aujourd’hui – dans un territoire, dans l’ imaginaire de ses habitants, dans nos propres parcours.
Nous ne sommes ni historiennes, ni spécialistes du Moyen Âge.
Nous arrivons dans cette histoire comme on entre dans un paysage inconnu, avec nos micros, nos questions et notre regard d’artistes.
Bénédicte redécouvre à travers cette enquête son territoire d’adoption ; Chloé y revient après sept années d’une vie rurale marquée par la force des croyances, les rumeurs, les liens de voisinage et les tensions nées pendant la pandémie.
Ensemble, nous voulons observer comment une mémoire ancienne – celle des “sorcières” – circule, se transforme, et continue d’agir dans le présent.
Nous avançons à tâtons, de rencontre en rencontre, d’archives en conversations : historien-ne-s, botanistes, habitant·es, comédien·nes, prêtres ou chamanes.
Chaque entretien ouvre une nouvelle piste, chaque voix déplace la précédente.
Les sons du Bugey – l’eau, le vent, les cloches, les forêts, les rivières – deviennent la trame invisible du récit, comme une mémoire du lieu qui parle à travers le micro.
Le montage fera dialoguer les voix du savoir et celles du sensible, les mots et les matières sonores, les silences et les intuitions.
Nous voulons interroger la construction d’un mythe : celui de la sorcière, entre peur et fascination.
Pourquoi cette figure revient-elle avec autant de force aujourd’hui ?
Que disent de nous ces récits d’exclusion, de soin, de savoir interdit ?
Et comment les rumeurs médiévales résonnent-elles avec nos “fake news” contemporaines, dans un monde saturé d’informations et de croyances ?
À travers ce voyage sonore en sept épisodes, nous espérons faire entendre un paysage d’imaginaires, une géographie intime où se croisent les voix du passé et du présent.